2018 est une année particulière pour les sociétés qui s'appuient sur le digital. Cela a commencé avec l'arrivée du Règlement général sur la protection des données (GDPR) qui constitue le nouveau texte de référence, au niveau européen, en matière de protection des données à caractère personnel.

Ce texte impose le respect de la vie privée par les entreprises qui disposent de nos données. En tant qu'internaute, c'est une bonne nouvelle et ce nouveau règlement aurait pu arriver de façon assez transparente. En effet, précédemment, nous avons vu fleurir sur les sites internet des messages "j'accepte l'utilisation des cookies" et combien d'internautes ont chercher à savoir ce qui se cachait derrière cette boîte?

De la même façon, Facebook a souvent été obligé d'adapter ses règles d'utilisation de nos données suite à diverses plaintes, mais pour l'utilisateur du réseau lambda, configurer les droits sur son profil, lire les chartes, c'est juste un "truc chiant".

Et pourtant, en 2018, ce sera très différent. Pour commencer, le GDPR touche autant les PME que les GAFA et pour cette raison, de nombreux cabinets juridiques ont vu derrière le GDPR un marché juteux. On est donc littéralement envahis de publicités qui nous parlent de ce GDPR.

Ensuite, le GDPR n'est qu'une étape. Derrière vient le projet de « Règlement ePrivacy » qui s'applique au traitement des données de communications électroniques. 

Les médias se déchaînent sur l'affaire Facebook

Les sujets sur Facebook ont toujours généré une bonne audience dans les médias, si bien que ceux-ci se sont donnés à coeur joie sur le scandale de Cambridge Analytica. Et Facebook en a profité pour rappeler que Google, Twitter et Amazon avaient des pratiques similaires aux siennes.

Vos données privées ne sont pas dans de bonnes mains avec les GAFA ? On le savait, mais cette année, ça va plus loin et Facebook et Google vont devoir se reconstruire une image.

 Comment ? Et bien c'est simple, ils vont devoir convaincre les internautes qu'ils sont plus sensibles sur la protection des données que leurs petits concurrents.

Ainsi, Facebook pourrait aller plus loin que le projet de l'Europe en matière de gestion de son identité et Google peut intégrer des fonctionnalités de gestion de ses données dans son navigateur Chrome.

Depuis 2016, l'UE veut bloquer les cookies tiers par défaut dans les navigateurs, vous pensez qu'aujourd'hui, qu’un navigateur pourrait encore le refuser?

Mais on pourrait aller trop loin!

 Vous savez, ce que je trouve génial avec le digital, c'est la possibilité de concevoir des idées et de les coder après. Par exemple, on pourrait imaginer qu'un site internet adapte automatiquement sa page d'accueil par rapport à la géolocalisation de l'internaute. Il pourrait aussi le faire sur base de critères socio-démographiques.

On peut aussi imaginer qu'un site mette en avant les articles que vos amis Facebook ont aimés avant.

Ici, je n'invente rien, par contre, je parle de concepts intéressants qui sont de plus en plus compliqués à mettre en place. Pourquoi? Et bien parce que pour chaque possibilité de personnalisation se cache un certain nombre de demandes qui devront être validées par l'internaute.

Cette peur de l'espionnage fige le potentiel du digital. Vous savez, lorsque l'on conçoit un service aujourd'hui, on l'imagine en UCD (user-centered design). C'est-à-dire que l'application doit être plus que personnalisée, elle doit se comporter différemment sur base du profil de l'utilisateur. Et ça, ça devient compliqué.

Moi, ce qui me fait peur, c'est d'arriver vers un web qui va nous harceler avec des demandes de permissions dans tous les sens et pire, une obligation de s'inscrire sur chaque site, seule solution pour cibler l'internaute sans les cookies.

Alors, que faire?

Pour commencer, il faut récupérer la confiance des internautes. On accepte les règles et on conçoit les sites différemment. Depuis plusieurs années, on parle de Privacy by design.

Le concept de “Privacy by Design” a pour objectif de garantir que la protection de la vie privée soit intégrée dans les nouvelles applications technologiques et commerciales dès leur conception. Pour chaque nouveau produit, service ou application traitant des données à caractère personnel, les entreprises et autres responsables du traitement devraient offrir à leurs utilisateurs ou clients le plus haut niveau possible de protection des données.

Le Privacy by design est un argument qui peut être utilisé en communication, tout comme l'éthique, d'ailleurs.

Quand une marque aura réussi le pari d'avoir une image de société éthique, il sera plus facile d'accéder aux permissions pour réaliser des expériences innovantes.

On va donc probablement passer par une phase pendant laquelle les startups, ad-tech et agences qui ne pensent pas en Privacy by design vont être affaiblies et d'autres qui auront compris l'intérêt de la confiance vont profiter de nouvelles opportunités.

Le besoin d'éthique n'est pas limité aux entreprises digitales, ainsi, vous pouvez souscrire à un abonnement en 2 clics , créer un compte en banque ou avoir une carte Visa facilement, mais pour clôturer son compte, c'est souvent e parcours du combattant. Alors, j'espère, mais j'espère vraiment que le digital ne sera pas le seul secteur qui cherchera à récupérer la confiance des consommateurs.