Tous les ans, on nous parle de l’avenir du web avec acronymes parfois obscurs. En ce moment, on parle beaucoup d’AMP, PWA et l’association des deux, PWAMP.

Je pense qu’il faut parfois remettre en perspective toutes ces révolutions. Est-ce vraiment des révolutions, d’ailleurs? 

Commençons avec AMP (Accelerated Moble Pages), c’est la solution opensource de Google pour créer des sites mobiles plus rapides, mais en fait, AMP est surtout intéressant pour les accélérer l’affichage des articles de presse.

En réécrivant les sites avec Google AMP, on optimise le code de façon à ce que la page se changer de façon plus instantanée. Google a ajouté la possibilité d’utiliser son CDN gratuitement pour héberger ses pages Google AMP. Je ne le recommande pas. Bien entendu, les pages seront chargées plus rapidement partout dans le monde, mais vous perdrez en échange le contrôle de vos pages. Notez également que Google, comme Facebook, est connu pour arrêter souvent ses projets innovants après quelques années. Il existe par contre d’autres CDN qui feront l’affaire.

Pour le reste, Google AMP me met un peu mal à l’aise. Le HTML est un standard inconditionnel, AMP-HTML, bien que compatible HTML est une solution pour accélérer le web (surtout dans le navigateur de Google), mais en grande partie parce qu’elle y applique des limites. Ensuite, Google AMP fractionne le web avec un langage différent sur le site desktop et le site mobile alors que Google recommandait de ne pas séparer ses sites en deux, mais plutôt faire du responsive web design et puis finalement, je trouve que Google Amp limite la créativité, oui c’est assez subjectif. 

Créer des pages web propres aussi rapides qu’avec Google AMP n’est pas en soit compliqué. C’est souvent les scripts « third-party », c’est-à-dire la publicité, les vidéos youtube, les widgets Twitter, Facebook, etc.. qui ralentissent une page web. AMP les forcent à se charger différemment ce qui est en soit une bonne chose.

Le succès d’AMP, pour moi, provient surtout de son support rapide Wordpress. De nombreux blogs surchargés de plugins et hébergés à moindres coûts profitent bien de se passage sur Google AMP. Il ne faut pas nier AMP pour autant mais il faut prendre du recul face à une techno qui pourrait n’être qu’un effet de mode poussé par Google.


Les Progressive Web Apps

La PWA, c’est tout autre chose, c’est une norme que l’on attend depuis longtemps dans le web. Pour le comprendre, revenons en 2010. À l’époque, les App Store et markets, c’était le nouvel eldorado des marques.

Toutes les grandes entreprises voulaient leur app mobile, mais le coût de développement et surtout de maintenance de celles-ci est beaucoup plus élevé que pour un site internet. D’autant plus qu’il fallait compter au minimum sur une version Android et une version iOS qui sont codées avec des langages différents.

En dehors des jeux, la majorité des apps auraient pu être développée en HTML/CSS, c’est pour cette raison que le W3C a travaillé sur des solutions comme websql, le HTML5 Offline Application cache … pour que les sites puissent fonctionner offline comme une app, mais ce fut un échec, notamment parce que les web-applications étaient trop lentes à l’époque.

Une autre des raisons de ces échecs est purement stratégique, car les apps se trouvaient facilement dans l’App Store et elles permettent de faire du marketing direct avec les notifications par push et finalement, il y’avait un effet de mode important qui poussait dans cette direction.

De fait, on commença à travailler sur d’autres solutions pour réduire les coûts de développement des apps. Par exemple, avec Cordova et Angular, on peut faire appel à un développeur web orienté JS/CSS de développer une app compatible iOS, Android et même Windows Mobile.    

Pouvons-nous abandonner notre site web pour ne plus maintenir qu’une app? Beaucoup d’entreprises y ont pensé, certaines l’ont fait. 

Mais depuis, le comportement des mobinautes a changé, ceux-ci ne sont pas friands des notifications par push et installent de moins en moins d’apps sur leur téléphone. Pire encore, beaucoup d’apps ne sont jamais ouvertes. IOS propose même de désinstaller automatiquement les apps que l’on n’utilise jamais. En fait, les mobinautes reviennent de plus en plus vers le web. Question visibilité, on trouve tellement d’apps sur le store que le référencement peut être plus compliqué que sur le web. C’est probablement une des raisons pour lesquelles la publicité mobile est de plus en plus rentable.

Le web n’est pas mort, au contraire, il s’intègre mieux avec Google et les médias sociaux, par exemple.

Que faire?

Plus que jamais, cette question a du sens : peut-on fusionner les avantages d’un site et d’une app? Et bien, pourquoi pas avec les services worker.

On revient donc avec cette ancienne idée de faire des sites HTML qui se comportent comme des apps avec les fonctionnalités offline. Les web-apps, on va les appeler Progressive Web Apps. Cette fois, elles s’appuieront sur des workers, des fichiers JS qui sont placés entre une application web, et le navigateur ou le réseau (lorsque disponible.). C’est comme un proxy en JavaScript qui va permettre de gérer la synchronisation, le push, le cache, les notifications … et pour que la web-app se comporte encore plus comme de vrai apps natives, on pourrait la développer avec des frameworks JS tels qu’Angular, VueJS ou React.

Ces web-apps cumulent de nombreux avantages :

  • Rapides et performantes.
  • Responsives donc, compatibles aussi avec le PC.
  • Accessibles depuis le lunchpad du smartphone.
  • Accessibles hors connexion
  • Installables depuis une url
  • Peut être partagées sur les réseaux sociaux
  • Référencables sur les moteurs de recherche
  • Elles sont réengageantes
  • Elles sont toujours à jour
  • Elles s’installent très rapidement
  • Plus qu’une seule plateforme à maintenir.
  • Maintenues par des développeurs web.
  • Plus besoin de partager ses revenus avec l’appstore. 


Et le PWAMP?

Les PWA, c’est intéressant pour remplacer les apps de services, e-learning, social media et e-commerce, alors qu’AMP est intéressant pour les site d’actualité. L’un est la forme et l’autre, c’est les fonctionnalités. Le mixte des deux, PWAMP, pourrait est être une base solide pour réaliser des progressives web apps rapides.

Il reste 2 éléments importants pour que le PWAMP puisse se développer : qu’iOS le supporte, car aujourd’hui, ce n’est pas tout à fait le cas, et que de nouveaux framewoks/CMS plus sérieux que Wordpress soient compatibles.

Que ce soit PWAMP ou un PWAngular qui devient la norme un jour, l’important c’est que révolution PWA va arriver, que les coûts de dev vont pouvoir baisser avec plus de cohérence et des appstores soint moins mises à contribution. Le PWA, c’est un peu le cloud du mobile, une évolution logique, finalement.